jeudi 19 février 2009

T. de Rosnay, dans Atmosphères, 09/2007


L’inattendue de l’année

Elle s’appelait Sarah, Tatiana de Rosnay, ed. Héloïse d’Ormesson, 357 p., 22 €.



Difficile de dire si c’est le lecteur qui dévore ce roman, ou l’inverse. Difficile aussi, avec un sujet si déchirant, de ne pas sombrer dans le mélo indécent : le 17 juillet 1942, pendant la rafle du Vel d’Hiv, Sarah veut sauver son petit frère en le cachant dans un placard. Elle l’enferme, emporte la clé et lui promet de revenir très vite…Soixante ans plus tard, une jeune journaliste américaine, Julia, est chargée de couvrir la commémoration de « l’évènement ». Mais son enquête ira beaucoup plus loin que prévu, et le fantôme angélique de Sarah bouleversera sa propre existence. Encore une histoire à pleurer dans son canapé, vous dites-vous… Bien sur, dans ce roman, tout n’est pas bien qui finit bien. Et si vous aviez envie de vous bidonner, autant le dire, il y a une erreur dans le casting. Lire Elle s’appelait Sarah, ce n’est pas rire, s’amuser ou se détendre. Choisir ce livre, c’est réapprendre une page honteuse de l’histoire, c’est se souvenir des 13 000 juifs raflés ce jour là, c’est rendre hommage à ces 4000 enfants volés à la vie. Alors non, on ne rit pas. Mais jusqu’à preuve du contraire, apprendre une leçon n’a jamais été une sinécure. Et jusqu’à preuve du contraire toujours, ça n’a jamais été inutile.


3 questions à…Tatiana de Rosnay

Ce livre a eu des débuts difficiles, pouvez-vous nous en dire un mot ?

J’ai écrit Elle s’appelait Sarah en 2003. J’ai d’abord proposé le manuscrit à mon ex éditeur (à savoir Plon), qui n’en n’a pas voulu. Je n’ai jamais très bien compris pourquoi, un mauvais rapport de lecture peut-être, ou le fait qu’il soit en anglais, toujours est-il que le roman a été refusé. Je suis alors entrée dans une période de deux ans de galère : j’ai essuyé un deuxième refus de Fixot, et puis on m’a conseillé de le vendre plutôt aux Etats-Unis, du coup j’ai tout tenté avec un agent, mais rien n’y a fait, personne ne voulait de mon histoire. J’ai donc fini par renoncer, et fin 2005, j’avais définitivement rangé Sarah au fond d’un tiroir. Et puis j’ai rencontré Héloïse d’Ormesson dans un tout autre contexte, le courant est passé immédiatement, et c’est elle qui m’a poussée à le publier.

Vous avez donc écrit ce livre en anglais, alors que les précédents étaient en français, pourquoi ?

L’anglais est ma langue maternelle, et l’écriture me vient d’abord en anglais. Pour écrire cette histoire, il me fallait une distance avec mon sujet, que le choix de la langue m’a offert. Et il se trouve en plus qu’il était pour moi inconcevable de faire parler Julia, la journaliste américaine, en français. Ecrire ce livre en français ne m’a même pas traversé l’esprit.

Vous maîtrisez parfaitement les deux langues, pourquoi ne pas l’avoir traduit vous-même ?

Il en était hors de question. Le traduire, ça voulait dire le réécrire un peu. D’ailleurs je me suis amusée à traduire la première page, pour voir, j’ai failli avoir une attaque ! C’était horrible. Agnès Michaux a fait un formidable travail sur ce livre, un travail que je n’aurai pas pu faire. D’ailleurs je peux vous annoncer que c’est elle qui traduira le prochain.


Elle s’appelait Sarah en Chiffres :
Pages : 357
Prix : 22 euros
Sorties : 35 000
Nombre de traductions : 18
Adaptation : 1 (Le film sera réalisé par Gilles Paquet-Brenner et écrit par l’écrivain Serge Joncour)
Marine de Tilly.

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