jeudi 19 février 2009

1001 livres..., dans Atmosphères, 07/2007


Le « must have » de l’année
Les 1001 livres qu’il faut avoir lu dans sa vie, Flammarion, préface Jean d’Ormesson, 960 p, 29, 90 €.

Bien sûr, le coup des listes, des tris, des classements, ça a un côté très « ricain ». Et bien sûr, votre auteur préféré n’y est pas, et c’est un vrai scandale. Les chroniqueurs parisiens s’insurgent en choeur devant ce mauvais inventaire pour mauvais lecteur, cette opération marchande pour ignards désireux de briller dans les dîners en ville... Qu’ils friment donc, ces critiques branchés, qu’ils crient à l’inculture, après, tout c’est leur métier. Mais cessons de nous mentir. Un peu de bonne foi n’a jamais fait de mal à personne : quand on sait tout ce que l’on ne sait pas, tout ce que l’on a pas lu, et que l’on ne lira sans doute jamais, ce genre de somme est tout simplement une aubaine. Chaque livre sélectionné y est présenté par une notice qui tient tout à la fois du résumé, de la critique littéraire et de l'analyse historico-littéraire. C’est précis, concis, et l’on s’y promène comme dans une bibliothèque idéale. On y croise les plus grands, de Zola à Pagnol, De Bret Easton Ellis à Dickens, de Dostoïevsky à Soljenitsyne, en passant par Voltaire, Sade, Stendhal, Duras, Philippe Roth, Garcia Marquez et tant d’autres….Laissons donc le snobisme intellectuel à Saint Germain des prés pour se plonger dans cet ouvrage indispensable et qui ne prend pas la poussière. Et s’il peut, au passage, nous permettre de crâner un peu à ces dîners où chacun se sent obligé de parler de ses lectures, raison de plus pour ne pas s’en priver.
Marine de Tilly.


3 questions à …Jean d’Ormesson

Vous avez préfacé ce recueil, est-ce que ça veut dire que vous avez validé toutes ses entrées ?

Evidemment non ! Non seulement je n’ai pas validé, mais je n’ai sans doute pas lu toutes les notices ! En tout cas je ne les connaissais pas toutes. C’est une anthologie, et elle est donc arbitraire. C’est une histoire, naturellement biaisée, de ce qu’a pu être la littérature pendant quelques siècles. On y trouve par exemple Shakespeare ou Dante à la même enseigne que moi, alors c’est vous dire ! Mais il m’a semblé que c’était une idée amusante, et belle, de faire le tableau d’une littérature universelle.

Le livre a été assez malmené par la critique, comment vous l’expliquez ?

C’est vrai et ça ne m’étonne pas. Les français ne sont pas friands de ce genre de répertoire. C’est une méthode américaine, qui peut paraître éloignée des envies et des goûts des lecteurs français. Et puis l’on pourra toujours discuter le choix des entrées, je ne suis pas sur que Ionesco, Cioran ou même Montaigne y figurent par exemple. 1001 livres, c’est à la fois très peu, et c’est énorme. Pour moi, c’est un bottin, ce livre, c'est-à-dire une source utile, mais auquel il manquerait quelques numéros de téléphone.

Ce livre est une traduction de l’anglais, est-ce que vous figuriez dans la version originale ou on vous a ajouté ?

Oui oui…Est-ce que vous avez vu le dernier film de Woody Allen ? Dans une interview sur ce film, il a eu une phrase extraordinaire qui m’a beaucoup fait rire : « J’ai été élevé dans la religion hébraïque, et je me suis converti au narcissisme ». Pour moi c’est la même chose ! J’ai été élevé dans la religion catholique, et peut-être me suis-je moi aussi converti au narcissisme !
Propos recueillis par Marine de Tilly.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire