jeudi 19 février 2009

D. Sijie, dans Atmosphères, 07/2007


L’ovni littéraire de l’année

Par un jour où la lune ne s’est pas levée, Dai Sijie, Gallimard, 306 p.,18 €.

« Par une nuit où la lune ne s’est pas levée ». Le genre de titre qui crée l’urgence. « Tant pis pour la suite, bon ou mauvais, j’achète ». On se contenterai presque de le laisser traîner sur une table, ce livre là, et de ne pas l’ouvrir par peur d’être déçu. Mais coup de pot, pour cette fois, la « suite », à savoir l’incroyable odyssée d’un manuscrit secret, du moment où il quitta les mains de Bouddha jusqu’à sa confiscation par le régime maoïste, est à la hauteur de ce titre plein de grâce. Jusqu’ici, tout va bien donc, vous en avez pour vos 18 euros. Mais une fois cette trame énoncée, un conseil quand même: ne perdez pas trop de temps à tenter d’établir la moindre chronologie entre les mille et une légendes qui se succèdent, page après page, dans la plus grande confusion, vous risqueriez d’y laisser des plumes. Combien d’histoires parallèles, de parenthèses et autres digressions viennent se greffer à l’intrigue principale ? On ne sait plus, on s’en souvient plus, on s’y est perdu. Qu’importe.
Par une nuit où la lune ne s’est pas levée, ce n’est pas un début, un cœur et une fin, c’est une fourmilière, des éclats de légendes, des petits bouts d’éternité, un voyage en pointillé dans les tréfonds mystérieux de la Chine ancestrale. Au fond, ce livre au scénario inextricable, ce titre si poétique qu’il ne veut rien dire, et cet auteur au nom imprononçable, tout cela, c’est la même chose : On n’y comprend rien, mais qu’est ce que c’est beau.
Marine de Tilly.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire