jeudi 19 février 2009

F. Kahlo, dans Atmosphères, 10/2007


Correspondances
Drieu, par Victoria Ocampo, Bartillat, 151 p, 20€.
Frida Kahlo par Frida Kahlo, Chritian Bourgois, 411 p, 28€.

Après le temps des romans fleuves, du « romanquête » ou de « l’autofiction », voici re-venu celui de la correspondance. Genre singulier s’il en est, exercice périlleux pour celui qui s’y frotte, le recueil de lettres inédites a le vent en poupe.
Lire un recueil de lettres, qu’il soit signé de la main d’un écrivain célèbre ou de celle du dernier des quidams, est toujours une expérience singulière. On a beau tourner les pages d’un livre « publié », on est quand même en train de lire le courrier de quelqu’un. Lettre après lettre, il ne s’agit pas de découvrir un personnage, mais de rencontrer une personne, ce qui n’est pas vraiment la même chose. Une signature, une date, des phrases jetées sur un papier et c’est la maison, le cœur et la vie de cette personne que l’on pénètre. En refermant les livres de Victoria Ocampo et Frida Kahlo, on a l’impression de s’être glissé, une nuit, dans leur boudoir, et de leur avoir volé des morceaux d’elles. Un peu gêné, on n’en reste pas moins ébloui par le destin de ces deux femmes de lettre, de ces deux regards sensibles et engagés sur les hommes, la politique ou les mots qui disent plus et mieux que toutes les biographies du monde. Victoria, l’Argentine, fut l’amante et l’amie de Drieu. Elle était Madame de Staël et il était Benjamin Constant, s’amusa-t-il à penser. Frida, l’impétueuse mexicaine, fut celle de Diego Rivera bien sûr, et de tous les amoureux de l’art. On connaissait sa peinture, on sait maintenant que son écriture franche et sans détour lui fait écho. Ces deux recueils sont comme des confidences, des secrets que l’on a le sentiment de ne pas mériter. Et pourtant, elles nous les offrent en héritage, et leur lecture n’a pas de prix.
Marine de Tilly.

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