mercredi 1 avril 2009

R. Descott pour Le Point, 03/2009


Inclassable Descott

Obscura, de Regis Descott, Jean-Claude Lattès, 398 p., 20€.

Une scène de crime reconstituant Le Déjeuner sur l’herbe avec des cadavres, une ambiance psychiatrique ultra-pesante et des prostituées à tous les étages ; pas de doute, Regis Descott nous donne avec Obscura une nouvelle leçon de thriller. Mais il y a cette histoire d’amour vaguement liée à l’enquête, entre le médecin bien propret, Corbel, et l’obsédante Obscura, qui en fait autre chose, pourquoi pas un « thriller d’amour ». Et ce n’est pas fini. Car en marge de la traque de l’artiste-assassin et de la passion interdite de nos deux amants, il y a aussi un roman historique. Celui de toute la fin d’un XIX ème siècle fascinant, quand Manet émoustillaient les bien pensants du petit monde de l’art -des femmes nues en pleines scènes bourgeoises, quelle honte ! (L’Olympia, Le déjeuner sur l’herbe) ; tandis que Pasteur ou Charcot révolutionnaient la médecine légale. C’est peut-être du côté de la clinique du Docteur Blanche, aliéniste de renom -qui au passage soigna Nerval ou Maupassant- qu’il faudra d’ailleurs chercher celui qui envisage le crime comme une œuvre d’art… Roman photographique enfin, Obscura l’est aussi, et de quelle manière ! Les longues pages de description du Paris de l’époque, gluant et ravagé par la syphilis, n’ont rien à envier à celles de Zola ou Huysmans. Noir, d’amour, historique, photographique, l’on pourrait ajouter artistique, scientifique, bref la liste est longue, et impossible toujours d’enfermer Obscura dans une case.

Marine de Tilly.

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