mardi 10 mars 2009

P. Clarck pour Le Point, 04/2008


L'etrange festival de Clarck

Après, Fred Chichin est mort, de Pascale Clark, 185 p., 15 €.
On ne connait pas toujours son visage, mais on reconnait sa voix. Entre mille. Au bout de trois romans -Tout le monde fait l’amour en 2001, Merci de votre attention en 2003, et Après, Fred Chichin est mort cette année-, on reconnait son écriture, aussi. Hachée, cadencée, singulière, très étrange, disons-le. Comme leur forme, le fond des romans de Pascale Clark est insaisissable. Cette fois, l’intrigue, éclatée, suit deux, ou plutôt trois veines : la victoire de Sarkozy aux élections présidentielles d’une part, l’ouverture du festival de Cannes avec la projection de « My Blueberry Nights » d’autre part, et enfin le départ brutal de l’homme avec qui la narratrice partageait sa vie depuis six ans. Rupture politique, rupture personnelle et rupture cinématographique tissent les liens d’un texte… en rupture avec les conventions romanesques. « Ma France d’après, c’est la vie sans toi. Nicolas Sarkozy n’avait pas menti, sa rupture, c’était le jour et la nuit. Tandis que le nouveau président éjaculait ses réformes, j’ouvrais les vannes. Tu m’avais larguée en pleine campagne ». Entre le tapis rouge de l’Elysée et celui de Cannes, en somme, une femme pleure d’amour. C’est ça, ce roman. Un gros chagrin sous Sarkozy, sous le soleil exactement. Quand à Fred Chichin, on se demande toujours ce qu’il a à voir là dedans. En réalité, rien. Le chanteur des Rita Mitsouko n’est pas même évoqué, à part sur la couverture. Encore une autre étrangeté. A moins que, à travers lui, l’auteur voulu nous chuchoter, d’emblée, que « Les histoires d’amour finissent mal, en général ».
Marine de Tilly.

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