mardi 10 mars 2009

A. de Lardemelle pour Transfuge, 03/2008


Douleur de peau

d’Aysseline de Lardemelle, Presses de la Renaissance, 283 pages, 18€.

« Je m’appelle Aysselyne de Lardemelle. Je suis la petite fille d’Yvonne, mon unique grand-mère au sang à demi-rouge. En effet, Yvonne n’est pas une pure aristocrate au sang 100% bleu. J’adore le théâtre. Je suis sportive. Je me veux femme libérée. Je dévore le chocolat, les traités de psychologie et les romans d’aventure. On ne peut pas dire que je sois mal dans mes pompes, mais plutôt que je les cherche. J’ai 23 ans. Et j’ai décidé de partir pour l’Afrique »…Un ange passe, et il fait la grimace. Difficile de faire pire, comme accroche. On croirait du Calixthe Beyala inversé. Peut-être parce que la couverture est belle –une photo prise de très près, de deux visages qui s’effleurent, l’un Blanc, l’autre Noir-, ou encore parce que les mauvais livres éveillent toujours en nous une sorte de plaisir pervers qui nous pousse à continuer, on se donne encore quelques pages avant de renoncer. Et on a tellement raison. Car une fois arrivée au Sénégal, ce n’est pas du plomb que l’oie blanche sortie du jardin de papa va prendre dans l’aile, c’est de l’argent, massif. Ca lui pendait au nez et au cœur, Aysseline « tombe » en amour pour Souleymane, « son soleil », et bientôt le nôtre. Entre Dakar et la banlieue parisienne, entre Allah et Jésus, deux être humains se confondent. A ce moment de l’histoire, on croit en connaître la fin. On croit savoir la douleur de la Blanche catho aimantée à la sensualité irrésistible de ce Noir, à la spiritualité saisissante de ce musulman. Ce sera bien pire. Poignant. A vous couper le souffle. Et pourtant, la tentation de tomber dans le mélo était grande. Mais quand l’expérience est belle, sincère, et si vraie, plus de place pour le pathos dégoulinant. Ne restent que la force du témoignage d’Aysseline de Lardemelle, l’intelligence de son cœur ouvert, et l’espoir qui colle aux peaux de toutes les couleurs. « Mon bonheur est un cancer », écrit l’auteure à ses parents rendus sourds par la peur de « l’étranger ». Pour nous, il est une thérapie salvatrice, un remède aux préjugés sur l’impossible métissage.
Marine de Tilly.

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